Pièces
Photographies 30 x 45 cm sur papier Velin d'Arches
Tirages, Atelier Philippe Guilvard, Paris
Présentation
Dans la philosophie indienne, l’Akasha caractérise principalement le son : indivisible, éternel, tout pénétrant et imperceptible. Cette série évoquant l’image de la voix, poursuit une recherche sur le thème du surgissement et des formes issues des profondeurs originelles.
Akasha, des percepts sculptés à même le chant
J’ai rencontré le travail d’Elsa Laurent avec le concours du « Silence » lors d’une présentation chez Michelle Chomette, pour en braver l’autorité elle le peuplait de formes sculpturales qu’elle définissait « aux prises avec le vide, le poids et l‘équilibre ». J’ai retrouvé d’autres pièces taillées en dialogue avec des corps vifs dans la dynamique des « Surgissantes ». Je l’ai vue organiser l’ « Attraction » des patients d’un hôpital psychiatrique qu’elle a fait danseurs pour mieux cerner les figures possibles de leur lâcher-prise, de leur résilience. Dans tous les cas il s’agit de forcer les formes jusqu’à leur permettre d’exposer des forces qui surgissent et s’inscrivent à la surface de l’image. Elles y trouvent une énergie nouvelle que le noir et blanc exalte.
Dans cette lignée survient maintenant « Akasha » ce qui en sanscrit traduit l’espace ou l’éther et se
caractérise par le son, mais engendre aussi toutes formes de l’univers y compris les corps. Ici présents
comme ceux des chanteurs et chanteuses de chœur ils sont centrés sur le nez (pour la respiration) et la
bouche (pour l’émission) le haut de la cage thoracique reste en suggestion qui propulse le souffle. Des
mains ancrent le chant sur le ventre d’où il naît. Diptyques et polyptyques façonnent une mélodie qui
s’installe sur le dialogue entre pierres montrées et voix suggérée. Tout fonctionne sur des perceptions
vibratoires qui actualisent avec subtilité la théorie de la cymatique reliant les vibrations sonores à leur mise
en évidence sur des plaques ou à la surface de fluides. Ainsi l’eau en surface ou en jaillissement répond à
des plans serrés d’instruments archets ou cordes y compris mus par des doigts qui jouent.
J’y vois encore ainsi la manifestation icônique de l’expression du grain de la voix telle que définie par
Roland Barthes : « Le « grain », c’est le corps dans la voix qui chante, dans la main qui écrit, dans le membre qui exécute. ». Chaque ensemble dans sa transcription apparaît comme une partition photographique ou la musique, un art du temps trouve sa version en tant qu’art de l’espace, dans un imaginaire général du vivant.
Christian Gattinoni, septembre 2017
Partenariats
En collaboration avec le Musée des Mines, ParisTech et le Choeur sacré de Paris.